Lombalgie et femme enceinte
La lombalgie est définie comme une douleur dans la région lombaire située en bas de la colonne vertébrale, au-dessous des côtes inférieures et au-dessus des plis fessiers. La grossesse peut-être l’un des facteurs prédisposants de cette douleur.
Selon les études, nous retrouvons jusqu’à 50% des femmes enceintes souffrant de ce type de douleurs. De plus, pour environ 25% d’entre elles, cette douleur se prolongera durant la période du post-partum. Elles peuvent débuter à n’importe quel moment de la grossesse, même très tôt, dès la 12e semaine. Cependant, elles surviennent souvent entre 5 et 7 mois de grossesse, pour atteindre un plateau jusqu’à la fin de celle-ci, et diminuer progressivement en post-partum. Les lombalgies se résolvent pour la plupart au cours des six premiers mois de post-partum. Cependant elles peuvent persister au-delà
- Quelques petites notions de biomécanique:
La prise de poids n’est pas seule responsable des douleurs lombaires; interviennent également l’hyperlaxité des ligaments, la distension et l’hypermobilité des articulations sacro-iliaques (dues en grande partie à l’imprégnation hormonale), ainsi que la distension de la paroi abdominale avec relâchement des muscles abdominaux.
De plus, au cours de la grossesse, le développement de l’utérus, le poids du bébé et le relâchement de la sangle abdominale déplacent le centre de gravité vers l’avant. En effet, afin d’accueillir le fœtus, le diamètre du bassin va devoir s’élargir entraînant un basculement vers l’avant du bassin. Le corps va donc induire une compensation : la colonne vertébrale va se positionner en fonction du bassin basculé. Pour compenser ce déséquilibre corporel, la cambrure lombaire naturelle s’accentue : c’est l’hyperlordose de la femme enceinte favorisant les douleurs lombaires par souffrance des petites articulations postérieures des vertèbres; Le corps va créer une adaptation de la charpente musculo-squelettique dans le but de maintenir l’équilibre de votre station debout. Lorsque les adaptations se font mal, des dysfonctionnements des articulations peuvent apparaitre, entraînant des douleurs musculo-squelettiques au niveau du dos mais également ailleurs au niveau du bassin et des membres inférieurs ou supérieurs.
Il n'y a pas que des douleurs au niveau lombaire pendant la grossesse; D’autre part, des seins trop volumineux pendant la grossesse « pèsent lourd » et peuvent être responsables de douleurs dorsales et cervicales. Des douleurs lombaires ou plus basse au niveau du sacrum ou coccyx peuvent survenir dans les suites de l’accouchement. Les efforts, les mauvaises postures et les microtraumatismes lors du travail, sollicitent beaucoup la colonne vertébrale de la mère.
- Pour la consultation d'ostéopathie,
Un interrogatoire et un examen clinique s’imposent, car une femme enceinte n’est pas à l’abri d’un rhumatisme inflammatoire ou d’une pathologie infectieuse, voire tumorale; Il faudra également éliminer une autre origine de la douleur.
Les radiographies simples et le scanner doivent être évidemment évités en raison du risque d’irradiation que subirait le fœtus.
- Les traitements autorisés pendant la grossesse:
Un praticien suivant une femme enceinte pour une lombalgie doit absolument respecter certaines règles et éviter de prescrire des médicaments qui pourraient se révéler nocifs pour le bébé. Le paracétamol reste l’antalgique de référence au cours de la grossesse si besoin. Il peut être prescrit chez la femme enceinte et pendant l’allaitement.
Le repos au lit peut être nécessaire en cas de crise aiguë, mais de préférence de courte durée. Il faut maintenir une activité minimale et éviter les immobilisations prolongées qui s’avèrent plus nocives qu’efficaces.
Une manipulation articulaire vertébrale peut être pratiquée, par un spécialiste compétent (la plupart du temps un ostéopathe) et entraîné à cette technique, toujours avec prudence et justifiée;
L’ostéopathie peut retarder, voire empêcher l'apparition ou une aggravation des lombalgies au cours du troisième trimestre de la grossesse; une étude a montré que en l’ostéopathie a permis d’éviter 40% des douleurs chroniques; il a été prouvé que le traitement ostéopathique chez la femme enceinte entraine une diminution de 60 % de l’intensité des douleurs et une amélioration des activités quotidiennes chez 55 % des femmes et que l’intensité des douleurs lombo-pelviennes était en moyenne réduite de 68 %.
L’ostéopathie n’est pas uniquement destinée à réduire les douleurs musculaires et squelettiques, ce type de traitement peut avoir une influence positive sur la durée de la naissance et la prévention des complications à la naissance. Malgré certaines préoccupations concernant l’utilisation de ce type de traitement pour les femmes enceintes, des études affirment que très peu d’effets indésirables ont été rapportés dans la littérature.
Les conclusions des récentes revues de littérature suggèrent que ces thérapies sont sûres et efficaces pendant la grossesse et les recommandent par rapport à aucun traitement.
La kinésithérapie se pratique une fois l’épisode aigu passé et doit être orientée vers la reprise des activités. Les exercices respiratoires et d’étirement sont très bénéfiques.
- Les conseils habituels :
Une activité sportive raisonnable, à un rythme modéré, est conseillée : gymnastique aquatique, stretching, yoga, marche, nage sur le dos (mais pas la brasse classique) ou vélo d'appartement; Il faut bien entendu éviter les sports pouvant être à l’origine de contacts brutaux, de chutes ou de chocs sur l'abdomen: ski ou roller, équitation, vtt, sports de balles ou de combat, aérobic, tennis, plongée sous-marine et alpinisme. La pratique régulière d’un programme d’exercices simples avec contrôle du bassin, renforcement musculaire, étirements et prise de conscience de la respiration sera bénéfique. Il faut cependant éviter les abdominaux à outrance qui peuvent fragiliser entre autre le périnée (zone musculaire entre le vagin et l’anus).
Gardez votre dos bien droit lorsque vous devez vous baisser, en faisant plutôt travailler les jambes.
Portez équitablement une charge à gauche et à droite pour ne pas avoir un déséquilibre au niveau de la colonne vertébrale et du bassin.
De plus, pendant la grossesse, il faut éviter de porter des chaussures à talons trop hauts et de prendre trop de poids.
Il est important de garder une bonne hygiène de vie, avec une alimentation équilibrée et adaptée. Il ne faut pas « manger pour deux ».
Boire suffisamment d’eau est primordiale pour permettre une bonne circulation sanguine et une bonne hydratation des tissus.
Dormir sur un matelas ferme de préférence sur le côté gauche.
- Le post-partum
Chez la femme enceinte, la lombalgie est fréquente et peut même apparaitre avant la grossesse ou se prolonger après l’accouchement. Un traitement précoce est efficace ainsi qu’une prise en charge « globale » permettent d’éviter l’apparition des formes chroniques. Aussi après l’accouchement, la jeune mère doit protéger son dos quand elle s’occupe du bébé : pour l’allaiter, le soulever, le porter et procéder à sa toilette.
La grossesse est une raison supplémentaire pour ménager son dos et adopter de bonnes habitudes au quotidien.